Les MOOCS (massive open online courses) un projet éducatif fiable ? (débat)
Sommaire:
1 Introduction
2 Les moocs: Un projet National
3 Les moocs: Un investissement économique et un instrument pédagogique
4 Les différents problèmes dus à la création des moocs
5 Les moocs: Une révolution ?
1 Introduction
Signifiant en anglais « massive open online course » , ce concept de formation
scolaire par internet et ouvert à tous vient de Georges Siemens et de Stephen
Downes est l’application même du connectivisme qui promeut l’utilisation des
nouvelles technologies dans le domaine de l’Education. Depuis la création des
MOOCS, plusieurs platesformes internationales spécialisées dans ce domaine ont
été crées comme Coursera, edX, Udacity et FuturLearn.
Au début des années 2000, le MIT avait lancé le MIT OpenCourseWare, un
programme visant à partager des cours via des sites internet et l’apparition des
Moocs en 2001 avait mobilisé plusieurs Universités de prestige telles que Yale,
Oxford, Stanford mais la réalisation des vidéos n’est pas un succès car les cours
sont payants et ne donnent accès à aucun diplôme. Le projet lancé par Siemens et
Downes coule car ils sont en déficit de 700 000$. Il faut attendre 2012 pour que le
projet intéresse les étudiants.
Nous allons nous intéresser au cas particulier de la France comme nous
pourrions nous intéresser à un pays quelconque visant à développer les Moocs et
voulant déterminer les enjeux portés par ce projet ainsi que les limites potentielles
d’un tel projet face à la concurrence internationale représentée par les platesformes
mondiale comme Coursera. En effet, la France à depuis 2013 lancé un projet qui
s’appelle FUN, FranceUniversitéNumérique, et a pour objectif de diffuser des
Moocs francophones et le principal ennemi sera la concurrence des plateformes
américaines. Ainsi, nous allons donc nous concentrer sur ce projet afin d’en tirer
des conclusions sur l’avenir des Moocs en France et donc dans le monde. Notre
analyse consistera à montrer les perspectives qu’offre les cours en ligne d’un point
de vue économique et pédagogique pour la France ce qui en fait avant tout un projet
national mais aussi cibler les obstacles qui s’opposent à leur développement et à de
futurs investissements. Ce projet a rendu compte des lacunes de l’enseignement
actuel et certains annoncent même des bouleversements majeurs du système
éducatif français.
2 Les moocs: Un projet National
Tout d’abord, il est nécessaire de montrer que FUN est un projet national, avec
une volonté nationale:
« A l’initiative du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, ce
projet s’est construit autour de trois acteurs publics: L’Iniria pour le déploiement
de la plateforme, le Cines pour la conception, l'administration et l’hébergement de
l'infrastructure informatique, Renater pour les infrastructures réseaux ».
Cette volonté nationale est soulignée par les investissements de l’état qui, à
travers le discours du 23 janvier 2014 de Geneviève Fioraso, ministre de
l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, s’engage à financer «des partenariats
entre les startup, les éditeurs de logiciels et les équipes pédagogiques» ainsi que
«l’équipement de studios numériques dans toutes les universités". Ces deux
éléments prouvent que les enjeux du projet touchent directement la France car
l’Education du peuple français est un domaine que le gouvernement ne veut pas
céder aux américains. L’entreprise publique française INRIA a été sollicitée:
« Inria a participé au déploiement des cours en ligne massivement ouverts
(Moocs) en France, notamment à travers France Université Numérique (FUN),
première plateforme nationale de Moocs. Cette initiative unique en Europe a trouvé
son public puisque qu’elle comptait fin juin 300 000 personnes inscrites, étudiants
ou nouveaux apprenants de tous âges. » Ainsi les premiers tests français ont été
positifs.
Gilles Dowek, ingénieur chez Inria et ayant déjà travaillé à la Nasa et comme
professeur à l'école Polytechnique annonce que: « L’université se transforme sous
l’effet des nouvelles technologies et de l’augmentation massive du flux d’étudiants.
.
C’est une mutation face à laquelle l’Europe ne peut pas rester passive Avec FUN,
la France se place désormais parmi les acteurs importants de l’enseignement en
ligne sur le continent ». Gilles Dowek félicite l’effort et le risque pris par l’état
français qui a payé puisque l’opération à été un succès et voit déjà la France comme
un acteur majeur du développement des Moocs en Europe à l’avenir.
Les problèmes techniques et éthiques soulevés par ce projet ont été identifiés par
l’INRIA:
« Grâce au MoocLab, Inria se saisit d’un champ de recherche en pleine
émergence qui réunit plusieurs problématiques :
∙ la massification des processus de connexion
∙ l’authentification des élèves
∙ la diffusion des cours
∙ l’évaluation (de la correction automatique d’exercices à la
personnalisation des cursus)
∙ la certification des cours suivis en ligne »
De plus, l’opération a eu tellement de réussite que les ambitions du MESR
(ministère de l’enseignement supérieur et de recherche) ont changé: « Le ministère
de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ambitionne d’utiliser le numérique
pour faciliter toutes les étapes du parcours de réussite des étudiants, encourager la
rénovation pédagogique et renforcer l’attractivité de l’Université, notamment vers
les pays francophones. »
La volonté du gouvernement s’inscrit aussi dans le cadre juridique car une
évolution de l’Education due à l’apparition de l’Education numérique implique une
modification des textes de loi. Ainsi, le 22 juillet 2013 date correspondant au début
du projet, plusieurs lois ont été votées permettant l’utilisation des technologies
numériques à des fins pédagogiques:
∙ « Art. L. 12341.Le service public de l'enseignement supérieur met à
disposition de ses usagers des services et des ressources pédagogiques
numériques.
« Les logiciels libres sont utilisés en priorité. »
∙ L. 1237« Il soutient le développement des établissements français et des
enseignements en langue française à l'étranger ainsi que le développement
de services et ressources pédagogiques numériques favorisant la
connaissance et la promotion de la langue française. » ;
∙ Art. L. 6118 « Une formation à l'utilisation des outils et des ressources
numériques et à la compréhension des enjeux qui leur sont associés, adaptée
aux spécificités du parcours suivi par l'étudiant, est dispensée dès l'entrée
dans l'enseignement supérieur, dans la continuité des formations dispensées
dans l'enseignement du second degré. » Cette loi envisage une formation du
corps enseignement français pour qu’il s’adapte à ces nouvelles technologies
et propose une formation de qualité.
∙ « A leur demande, les enseignants peuvent suivre une formation qui leur
permet d'acquérir les compétences nécessaires à la mise à disposition de
leurs enseignements sous forme numérique et les initie aux méthodes
pédagogiques innovantes sollicitant l'usage des technologies de l'information
et de la communication. »
∙ « Art. L. 71261. I. ― La commission de la formation et de la vie
universitaire du conseil académique est consultée sur les programmes de
formation des composantes. […] « 5° les mesures relatives […] à l'accès aux
ressources numériques ;
∙ « Art. L. 12341.Le service public de l'enseignement supérieur met à
disposition de ses usagers des services et des ressources pédagogiques
numériques. » 2
Aussi, si la volonté de l’état est d’établir sa propre plateforme, c’est que sa
gestion lui assure la totale confidentialité des données qui y sont stockées. En effet,
la gestion de la plateforme étant dans tous les domaines réalisée par une entreprise
nationalisée, la France s’assure de la protection de ses données, une garantie qu’elle
ne pouvait obtenir en sollicitant les américains et en leur laissant le monopole du
marché français. L’un des problèmes soulevés par ce projet à donc été d’héberger
les serveurs en France explique Alexandre Dubus, ingénieur chez Inria et qui a reçu
le prix du soutien à la recherche et à l’innovation:
« L’hébergement en France. Ce dernier point étant capital car nous souhaitions
garantir aux utilisateurs la confidentialité des données et éviter que cellesci ne
puissent être exploitées commercialement. »
Florian Dufour responsable adjoint du service einformation scientifique et
multimedia (SEISM), et à la direction des systèmes d’information (DSI), confirme:
« Notre objectif était de garantir la confidentialité de ces données et d’éviter
qu’elles soient exploitées commercialement par des chasseurs de tête ou des
entreprises. Elles sont hébergées au Centre Informatique National de
l’Enseignement Supérieur, et font l'objet d'un dépôt à la CNIL » 3
Autant de preuves qui confirment l’investissement de l’Etat dans ce projet donc
les enjeux sont à élucider…
3 Les moocs: Un investissement économique et un instrument
pédagogique
Les domaines de formations des Moocs proposés par FUN sont très diversifiés:
Entrepreneuriat, Environnement, Juridique, Management, Numérique et
technologies, Relations à l'international, Santé, Sciences, Sciences humaines et
sociales. La formation est garantie de bonne qualité : « Tous les cours présents sur
FUN sont conçus par des professeurs d’universités et écoles françaises et leurs
partenaires académiques internationaux. Les étudiants et les internautes peuvent
suivre ces cours de manière interactive et collaborative, à leur rythme. »
Les avantages de cette formation sont d’après FUN:
∙ une meilleure réussite scolaire provoquée par l'utilisation des technologies
numériques induisant plus de motivation et d'efficacité chez l'étudiant
comme dans le personnel éducatif. Par exemple, l'université Joseph Fourier à
Grenoble à opté pour une formation PACES via les Moocs et a donc réussi à
réduire 5000 heures de tutorat en 220 heures de cours en ligne et 800 de TD.
Ces chiffres ont été cités par Geneviève Fioraso, ministre du MESR. Le gain
de temps sur les cours magistraux a donc permis de privilégier les relations
individuelles entre professeurs et élèves et d'optimiser le temps de travail des
étudiants.
∙ Le numérique peut permettre aux étudiants une meilleure insertion
professionnelle en proposant plus de relations avec les entreprises. Par
exemple, l'université de Bourgogne a crée Ublink une plateforme qui relie
les étudiants avec les anciens et donc futurs recruteur si ce n'est pas déjà le
cas.
∙ L'accessibilité des données ouvertes des Moocs permet à tous d'apprendre et
d'obtenir un certificat d'étude, quelque soit notre âge ou nos précédentes
formations. Il est donc possible pour un adulte de se spécialiser davantage
dans son domaine d'activité ou de changer de profession.
∙ Orienter l'enseignement vers une pédagogie numérique plus adaptée pour
notre époque.
∙ Permettre aux universités de rénover et de moderniser leurs infrastructures.
∙ Placer la France au cœur de l'innovation, et prouver la qualité de
l'enseignement et de la recherche en France à l'international.
Aussi, FUN, c’est un enjeu pour l'éducation à distance explique Benjamin
Ninassi,
ingénieur de recherche, animateur du pôle développement de SEISM, DSI:
« Il s’agit de rendre accessible à tout une partie de la population des savoirs
auxquels elle n’a pas forcément accès, et de créer des communautés d’étudiants liés
par leur envie d’apprendre indépendamment de leur localisation géographique. »
Stéphane Ribas, ingénieur de recherche, direction du développement
technologique déclare:
« Il s’agit de proposer une plateforme d’éducation ouverte, à laquelle chaque
université, chaque école, peut contribuer et dont l’objectif ultime est de favoriser la
diffusion des connaissances. » Ribas propose ici une utopie des Moocs dans
laquelle tout établissement serait prêt à financer le projet ce que nous devront
malheureusement réfuter plus tard. Mais à terme, l’objectif des Moocs est de
diffuser un maximum d’informations à un maximum de personnes. Alors que FUN
a trouvé le public idéal, le peuple dans son ensemble, il doit maintenant aller
chercher l’information du côté des universités.
Le modèle économique sur lequel s'appuie FUN est viable explique Jean Michel
Cornu, directeur scientifique de la Fondation Internet Nouvelle Génération:
« Regardons les chiffres : le cours gratuit d’Intelligence Artificielle de
Standfordpar Sebastian Thrun et Peter Norvig a réuni en novembre 2011 160 000
étudiants en ligne et environ 300 en amphi. Près de 2000 étudiants ont présenté
l’examen en ligne : cela laisse envisager un modèle économique viable, en ne
faisant payer que la présentation à l’examen » , explique JeanMichel Cornu. Le
modèle économique présenté ici est le freemium. Avec le freemium le service est
gratuit et l’accès à des services premium est payant comme par exemple le passage
d’un examen menant à l’obtention de crédits ECTS à envisagé Rémi Bachelet,
maitre de conférence et donnant des cours à travers les Moocs. JM Cornu insiste: «
Ce modèle freemium n’exclurait pas nécessairement les pays les moins riches.
Rappelons que l’économie Internet a souvent prouvé que 3% des clients payants
peuvent financer l’intégralité d’un service » Ainsi, de nombreux experts et hommes
du terrain témoignent en faveur du projet et soutiennent sa viabilité suite aux
premières expérimentations mais ce mouvement vatil durer ? Disposonsnous de
possibilités scientifiques suffisantes pour satisfaire nos ambitions et mettre en
pratique toutes ces suppositions ?
Pour répondre aux précédentes interrogations, les entreprises telles que Cines et
Renater ont voulu au même titre qu’Inria prouver leur fiabilité: « Une manière
d'enseigner pérenne » implique dans le cas des technologies numériques un
stockage des cours et données numérique pérenne. C'est pourquoi le ministère de
l'Enseignement Supérieur et de la recherche a fait appel au Cines (centre
informatique national de l'enseignement supérieur) qui a pour mission d'héberger
les données utilisées. Les enjeux soulevés ici sont de conserver les données assez
longtemps c'est àdire de garantir la lisibilité des données quelque soit l'évolution
des technologies et garantir une capacité de stockage suffisante. Alors, lutter pour
une numérisation des données qui évite à l'étudiant de se documenter via des livres
qui promettent une lisibilité jusqu'à dégradation document papier c'est lutter pour
une utilisation pérenne des Moocs. Ce système éducatif ne peut subsister si les
nouvelles technologies ne le permettent sur la durée. C'est aussi un point d'action
des chercheurs du Cines qui luttent pour améliorer la durée de vie des fichiers
menacés par la dégradations des supports d'archivage matériels, l'évolution
industrielle qui fait disparaître les produits de stockage utilisés initialement dans le
commerce, la disparition des formats d'écriture des données qui impose d'établir
une conversion vers un format actuel conservant la donnée avec fidélité, et la
difficulté à propos de la classification de masses de données qui est surnommée la
sciences des métadonnées. 4
Renater intervient lui directement dans la matérialisation du projet et se porte
volontaire pour fournir donc cette aide indispensable au Ministère : « Le principe
est de mettre en place une plateforme nationale mutualisée pour héberger sur un
site unique les formations numériques, qu’ils s’agissent de MOOCs certifiant ou de
formations en ligne pouvant à terme devenir diplômantes ou qualifiantes. Ouverte
en premier lieu aux établissements d’enseignement supérieur français, cette plate
forme s’ouvrira aussi aux établissements européens et internationaux, aux cours en
langues étrangères.
RENATER est partenaire de cette initiative en fournissant les infrastructures
réseaux. »
Leur infrastructure réseau doit répondre aux contraintes d'accessibilités de
chaque utilisateur: « tous les sites gouvernementaux et leurs services doivent être
mis à la disposition de tous les individus, quels que soient leur matériel ou logiciel,
leur infrastructure réseau, leur langue maternelle, leur culture, leur localisation
géographique, ou leurs aptitudes physiques ou mentales » demande l'organisation
FUN. En effet FUN a publié un article le 02 octobre 2013 intitulé « Le numérique
au service d’une université en mouvement" dans lequel il précise " De nombreux
sites universitaires innovent et ont fait du numérique un outil à part entière de leur
stratégie pédagogique. Le réseau national RENATER permet à plus de 1 300 sites
d’être connectés via les réseaux de collecte régionaux. » 5
Toutes ces garanties sont excellentes pour l’image de FUN mais qu’en estil
réellement ? Quelles sont les limites du projet ?
4 Les différents problèmes dus à la création des moocs
L'une des craintes relatives aux Moocs est le contrôle de l'apprentissage de
l'étudiant pour éviter les fraudes. En effet, il faut éviter l'anonymat et bloquer les
possibles falsifications d'identité qui pourrait même servir d'arnaque. Par exemple,
un article publié par FUN s'intitulant « Une bourse d'excellence associée au MOOC
: des rivières et des hommes » montre qu'un étudiant peut obtenir une bourse suite à
des résultats satisfaisants. Il convient alors d'éviter que des professionnels se fassent
passer pour des étudiants.
Il faut garantir la formation proposée par les Moocs pour que le diplôme obtenu
en fin d'étude soit reconnu. C'est pourquoi FUN a mis en place des "attestations de
suivi de cours" comme il l'explique à travers la publication de l'article « Des attestations
de suivi de cours disponibles sur la plateforme FUN » datant du 8
juillet 2014 nous informant aussiqu'ilnégocieaveclesétablissementsafinquesa
formation donne lieu à l'acquisition de crédits ECTS pour les étudiants. 6
Aussi on pourrait souligner le manque de pratique des étudiants suivant une
formation par Moocs car ils n’ont pas de travaux pratiques ou d’accès privilégié aux
laboratoires présents dans les universités. Cependant, ce manque de pratique des
étudiants suivant les Moocs est contestable d'après François Taddei qui compare les
Moocs aux cours proposés par les universités : « pas besoin de se déplacer ou de
changer de pays, on trouve d’excellents cours en ligne. Quant aux appareillages
coûteux des labos de recherche, ils deviennent accessibles dans des Fab Labs et via
des modules que l'on peut ajouter à son téléphone pour le transformer en
microscope par exemple. »
En effet, l'article « Bientôt un Fab Lab près de chez vous ? » sorti en avril 2012
et écrit par Patrick Guillaud responsable des relations entre STIC et société à la
Direction du développement technologique d'Inria, présentait à ce moment
l'exclusivité proposée par les universités, les Fab Lab. Ce sont des usines miniatures
ouvertes à tous et qui peuvent intéresser les étudiants Moocs qui n'ont pas accès au
matériel industriel.
Patrick Guillaud qui anime un groupe consacré aux Fab Labs nous confie ses
premières impressions sur le Fab Lab de Casemate à Grenobles « c’est un lieu
magnifique, peuplé d’objets et de machines de toutes sortes, et où se croisent les
personnes les plus diverses : étudiants en art, élèves ingénieurs, enseignants... »
Les Moocs suscitent également des inquiétudes d'un point de vue économique,
juridique et scientifique. Nozha Boujemaa, directrice du centre Inria Saclay Îlede
France nous informe des différents défis que l'Inria doit relever: « D’autres modèles
économiques sont à inventer et des contraintes règlementaires à prendre en compte.
C’est dire la nécessité d’adopter une vision pluridisciplinaire. Cet Institut (l'INRIA)
mobilise des juristes de l’immatériel, spécialistes du droit de propriété intellectuelle
; des économistes de l’innovation, des spécialistes dans les protocoles de
sécurisation de la vie privée, la coévolution hommemachine, le elearning et les
MOOCs… »
Pourtant Rémi Bachelet en vient aux faits par un tweet le 24 octobre 2014:
« Coursera qui propose plus de la moitié des MOOCS existants réalise plus d'un
million de chiffre d'affaire chaque mois » . Cette annonce justifie par les résultats
économiques de l ‘entreprise l’existence du marché de la communication. Cela dit il
faut s'inquiéter sur la mise en place du modèle économique proposé par Jean Michel
Cornu qui se base sur une participation des établissements voulant profiter de ce
système d'enseignement pour recruter en interne les meilleurs éléments de la
formation : « Mais cette réponse collective ne signifie pas pour autant que tous ces
établissements deviendront opérateurs techniques. Pour des raisons d'efficacité,
mais aussi parce que la plupart ne le souhaitent pas, n'ayant pas forcément les
ressources en interne pour une telle gestion » expose l'Etudiant.fr suite à la
déclaration de François Germinet: « Tous les établissements souhaitant lancer des
Moocs doivent pouvoir participer de près ou de loin. »
C’est donc à travers les réactions politiques, les commanditaires du programmes
et donc les personnages les plus inquiets que l’ont relève les plus gros doutes: un
doute qui remet en question le modèle économique sur lequel les Moocs ont misé,
le freemium car les difficultés juridiques et scientifiques semblent surmontables par
les organismes impliqués ainsi qu’un gros doute concernant la certification des
étudiants par Moocs. Mais toutes ces interrogations ne sontelles pas le fruit d’un
déséquilibre dans le système éducatif français ?
5 Les moocs: Une révolution ?
« Une manière d'enseigner pérenne » demande une adaptation quasitotale du
monde virtuel au monde réel car nous avons besoin d'illustrer nos propos et si
l'expérience n'est possible chez soi pour des raisons de distance ou financière il faut
tout de même y avoir accès de la même manière qu'un étudiant dans une université
puisse accéder aux laboratoires de recherche qui y sont présents. Ainsi, nous avons
besoin de modéliser le monde pour l'expliquer, pour l'expérimenter. Le
développement des Moocs dépend donc à terme des capacités de modélisation:
nous ne pouvons imaginer un monde sans formation universitaire si les Moocs ne
peuvent
concurrencer la proximité qu'ont les étudiants en université avec le domaine
expérimental. Si FUN veut pouvoir à terme constituer une alternative crédible il lui
faut compter sur le développement des logiciels de simulations industriels et
commerciaux.
Le 02 octobre 2013, la ministre G.Fioraso était pleine d'ambition: « Mon souhait
est de faire de la France l’un des pionniers de cette troisième révolution dont le
cours est irréversible. Certains vont jusqu’à prédire la disparition des cours en
amphithéâtre voire des universités tout court. »
Qu'en estil après un an d'activité : il est possible d'observer la situation de FUN
et de tirer des conclusions pour pouvoir se projeter et imaginer ou non un futur pour
cette manière d'enseigner.
L'étudiant.fr à sorti un article le 02 octobre 2014 intitulé « Université numérique:
Qui sera vraiment FUN ? » dans lequel il dresse un bilan là encore positif en citant
les mots de François Germinet président du comité numérique de la Conférence des
présidents d'université : « Un an après, le pari est réussi : les établissements y ont
trouvé un intérêt et les Mooc un public ». L'état donne encore un an aux ingénieurs
travailleur pour FUN afin de convaincre les établissements de prendre part au
projet.
Un Mooc s'il est suivi par un nombre suffisant de personnes peut concurrencer
d'un point de vue économique la mise en place d'un cours magistral classique mais
à l'heure actuelle le nombre d'étudiant suivant les Moocs n'est pas suffisant, FUN
attend donc un succès qui continuerai d'augmenter au même rythme pour l'année
prochaine:
« La réalisation d'enseignements en vidéo coûte cher aux EtatsUnis, on estime
qu'un bon Mooc (cours massif en ligne) coûte environ 100 000 dollars. Vous
économiserez éventuellement quelques mètres carrés... On devrait en revanche voir
émerger des modèles économiques "low cost", dans lesquels l'établissement
demandera aux étudiants de valider certaines connaissances en ligne, produites par
d'autres établissements (donc sans avoir à financer la production des recherches et
des cours), et se concentrera, en présentiel, sur d'autres types d'activités (les
travaux de groupe, comme vous le suggérez, mais aussi les stages, les études de
cas, le "learning by doing", la vie associative, etc.) » explique encore Davidenkoff.
Marcel Gauchet, philosophe, analyse la situation actuelle avec l'arrivée du tout
numérique et fait le rapprochement avec l'éducation numérique. Il nuance
l'efficacité du numérique provoqué par l'abondance d'informations disponibles aux
étudiants en justifiant que l'offre n'est valable que lorsque le besoin est présent. Or
l'éducation n'est possible que par l'obligation : un élève enfant doit être guidé car
l'envie d'apprendre n'est pas la même pour tous. En revanche pour un public adulte
d'étudiants telles que les études supérieures le format d'études proposé est
intéressant:
« En luimême, le médium numérique n'a aucune doctrine pédagogique
particulière. Il est neutre. Mais, là où il rencontre directement le problème scolaire,
c'est qu'il considère l'acte individuel de recherche comme point de départ de tout. Il
se fonde sur la demande de l'usager. Or la structure scolaire est bâtie autour de
l'idée d'offre, d'un cadre de programmes, d'une progression à assurer chez les
élèves. Cette contradiction, ou, du moins, cette différence d'approche, déstabilise
une institution qui prétend nommer les étapes d'un apprentissage. » 7
« De tels outils sont nécessaires, d’autant que les MOOC se multiplient. Ils
tirent leur nom d'une théorie de l’apprentissage, le connectivisme. Ces plateformes
connectent les élèves pour qu’ils fabriquent ensemble des contenus et que le
système soit décentralisé. A l’extrême, le CMOOC peut évoluer jusqu’à ce que le
professeur n’ait plus d’importance. Son rôle d’enseignant consistant plutôt à
donner de bonnes bases initiales à un savoir particulier et d’être incitatif. […] Le
logiciel libre ou Wikipédia ont d’abord fonctionné et c’est seulement ensuite qu’ils
ont été compris : l’intelligence collective va désormais bien plus vite que
l’intelligence individuelle !» nous enseigne JM Cornu. En effet le connectivisme est
l'avenir de l'éducation car il utilise les nouvelles technologies qui facilitent la
diffusion des données. L'enjeu est alors de filtrer et de contrôler cette diffusion.
Filtrer et contrôler des données est très spécifique pour les Moocs car les données
sont ouvertes.
Dans Moocs on retrouve le mot « Open » qui symbolise l'ouverture totale des
données aux étudiants impliquant une propagation importante des données dans un
instant restreint. Ce phénomène soulève plusieurs problème quand à une possible
révision du système éducatif qui se basait précédemment sur un apprentissage
progressif de données confidentielles et accessibles au fur et à mesure du degré de
formation. Ce qui soulève plusieurs interrogations : fautil reformer notre système
éducatif ? Comment le préparer à ce changement et crédibiliser les universités face
à cette générosité de l'information et de l'apprentissage qui pose problème dans les
universités américaines ou des écoles privées au vu de leur accessibilité. Le rôle des
professeurs est amené à changer: le professeur de l'avenir ne sera même plus de
présenter un cours mais d'assister les élèves dans leurs parcours de données, dans la
gestion de masses de données qui sont accessibles et dont la quantité augmentera
encore. L'augmentation considérable de données soulève en quelques sortes les
mêmes problèmes pour les étudiants que pour les industriels face au phénomène du
BigData: Kilian Bazin manager chez Captain Data et Arnaud Laroche chez
Bluestone rejoignent ce point de vue:
« La synchronisation de données impacte le fonctionnement des organisations,
en général et dans le marketing en particulier. En effet, les organisations jusqu’à
présent ont fonctionné en silos de données et il est difficile, et souvent impossible de
rapprocher des datas provenant de fonctions différentes. La bigdata rompt ce
paradigme […] Comment évaluer l’impact de cette ouverture des silos sur les
sciences de gestion, les frontières des disciplines et spécialités concernant
l’entreprise (RH, compta, finances, contrôle de gestion, marketing), sur la
conception des enseignements et des cursus ? »
Rémi Bachelet s'exprime également à travers un tweet le 26 septembre 2014: «
la meilleure façon d'aller vers les moocs est de mettre en place une nouvelle culture
de l'enseignement ». Il rajoute le 14 novembre 2014 : « LesMOOCS c'est un peu
comme un elearning les participants ont besoin d'un accompagnement ».
« Des Moocs aux applis pédagogiques, l'explosion du numérique bouleverse le
monde éducatif. Pour Emmanuel Davidenkoff, la révolution annoncée dans
l'éducation est comparable à celle qu'ont traversée l'industrie du disque ou celle de
la presse. Cette profonde modification des rapports aux savoirs, des modes
d'apprentissage, cette remise en cause de la verticalité de la « transmission » nous
concerne tous: parents, enseignants, élèves du secondaire au supérieur » prononce
Emmanuel Davidenkoff, auteur du "Tsunami numérique" . Il ajoute également: « Le
numérique invite à s'interroger sur ce qu'il y a irréductiblement humain dans la
mission des enseignants et de refonder le métier làdessus. »
Au fur et à mesure de son étude, je me suis aperçu que les Moocs, projet national
d’envergure international était un réel défi pour la France qui devait faire intervenir
toutes les meilleures unités scientifiques du pays pour mettre en oeuvre le projet
FUN. Ce projet à soulevé beaucoup de difficulté pendant sa conception mais encore
maintenant, au stade de la réalisation et du développement. Le gouvernement espère
une certification des étudiants Moocs en partenariat avec les universités ce qui
apporterait une nouvelle base de financement et allégerait le siens. Certains
révolutionnaires veulent adopter les Moocs et laisser tomber l’éducation
traditionnelle mais sont très vite rattrapés par l’accompagnement scolaire
indispensable fournit par les professeurs durant l’enfance et qui doit se continuer au
moins en tant que supervisassions des cours pendant les études supérieures. Cette
étude m’a beaucoup appris sur ce sujet et sur l’actualité de la communication et de
l’Education française.
Bibliographie:
1 http://www.inria.fr/actualite/actualitesinria/mooclabinriadesaxesderecherche
inedits
https://www.franceuniversitenumeriquemooc.fr/about
2 http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT0000277350
09&categorieLien=id
3 http://www.inria.fr/centre/lille/actualites/alexandredubusunmoocmakeral
honneur
4 https://www.cines.fr/archivage/unconceptdesproblematiques/leconcept
darchivagenumeriqueperenne/
5 http://www.franceuniversitenumerique.fr/accessibilite.html#outil_sommaire_0
www.renater.fr
6 http://www.franceuniversitenumerique.fr
7 http://www.letudiant.fr/educpros/actualite/moocuniversitenumeriquequisera
vraimentfun.html